Remise en état du conjoncteur/disjoncteur aluminium DS/ID LHS/LHM
2ème modèle 12/60 - 4/69
2ème partie

 

Voici enfin venue la seconde partie de la remise en état d'un conjoncteur 2ème modèle. Comme vous avez pu le constater, j'ai revu complètement la fin de la première partie en éliminant une opération inutile et non prévue par le constructeur. En effet, j'ai voulu jouer aux apprentis sorciers en déposant la chemise du piston principal et cela s'est avéré être une TRES TRES GROSSE ERREUR de ma part. J'ai ainsi détruit 5 conjoncteurs sur les 6 que je possédais.
La raison qui m'a poussé à le faire, c'était l'état général des conjoncteurs LHS. Je me suis dit qu'en déposant la chemise, je pourrais mieux nettoyer les conduits et enlever tous les dépôts de vieux LHS décomposé. Mais ce que je n'avais pas compris, c'est que le serrage de la chemise dans le corps a pour résultante son étanchéité interne. Elle est pour beaucoup dans le bon fonctionnement du conjoncteur. En voulant remettre en place la chemise, on ne fait que détruire cette étanchéité entre la chemise et le corps. Désolé pour ceux qui ont suivi mon exemple, tout en espérant que personne ne l'ai fait.
Voilà pour le Méa-culpa... Errare humanum est... cf l'avertissement ci-dessous...

 

AVERTISSEMENT :
Toutes les informations présentées dans cet article ne doivent être prises que ce pour ce qu'elles sont, c'est à dire à titre INFORMATIF et non pour une VERITE ABOSULE. Je ne saurais être tenu responsable si quelque chose se passait mal, dû à une erreur de présentation de ma part ou de mauvaise interprétation de la vôtre.

 

Le remontage du conjoncteur ne pose pas de problèmes particuliers. Seules conditions d'un travail réussi:
- méthode.
- propreté.
- disposer d'un banc de contrôle afin de vérifier la conformité des valeurs de pressions distribuées par le conjoncteur en fonction des préconisations de CITROËN.

En effet, il est de mon point de vue absurde de ne pas le faire, d'autant plus que cela peut avoir des conséquences désastreuses sur les organes en amont (pompe H.P.) et aval (direction, bloc hydraulique etc...) du conjoncteur. Les surpressions entraînant la destruction certaines de certains organes qui ne sont pas réputés fragiles. Par exemple, destruction de la pompe H.P. à cause d'une non régulation de la pression délivrée. La sous-pression étant plus gênante pour la sécurité des passagers que pour les organes, puisque commandant le bon fonctionnement de la direction ou des freins par ex.
Je sais pertinemment que beaucoup d'entre-vous n'ont pas de banc hydraulique à disposition, mais comme indiqué dans la présentation du premier article, on peut s'en réaliser un à moindre coût et pour le coup, c'est vraiment indispensable.

Pour en revenir au conjoncteur/disjoncteur, le point le plus délicat sera celui du réglage des pressions de conjonction/disjonction. C'est assez délicat à réaliser du fait qu'on ne dispose plus des cales pour le régler (à l'origine on trouvait des cales de 0,25mm et 1mm d'épaisseur). Il faudra se dépatouiller en se fabriquant ses cales d'épaisseurs ou bien comme moi en récupérant celles des conjoncteurs que j'ai bêtement détruits...
Il faut savoir que pour une cale d'épaisseur de 1 mm, on augmente la pression de 10 bars.
Pour la 1ère partie, c'est ici.

 

 

Les forces en présence...

On va commencer le remontage par le changement de la bille de la coupelle. Cette pièce n'étant plus disponible, j'ai donc trouvé une solution pour en extraire la bille.

Petit zoom pour bien comprendre l'utilité du changement de la bille. Cette dernière venant en butée sur la chemise, elle s'use à son contact à cause du martèlement qu'elle subit. La surface de la bile se déforme et n'offre plus l'étanchéité nécessaire.

On commence par mesurer l'enfoncement de la bille dans la coupelle.

Ensuite on maintien la coupelle dans l'étau et on perce son centre avec un foret de 2,1mm. Ce trou permettra ensuite d'atteindre la bille avec un pointeau fin.

Placer ensuite la bille sur un support creux, introduire un pointeau de D2 dans le trou percé précédemment. Venir pousser sur le pointeau pour extraire la bille.

La bille est sortie sans aucun problème.

Prendre une bille neuve de Diamètre 9.525 mm.

Placer la bille dans la coupelle et l'ensemble entre les mors de l'étau.

Serrer les mors pour faire rentrer la bille dans la coupelle.
Je conseille d'y aller par petites touches et vérifier régulièrement l'enfoncement de la bille.

Ça donne ceci.

Vérifier la profondeur d'enfoncement de la bille. Cela doit correspondre à ce qu'on a mesuré au début.

Placer ensuite le corps du conjoncteur comme ceci sur les mors de l'étau.

Placer une bille neuve de diamètre 7,5 mm pour refaire la portée de bille.

S'assurer que la bille est bien au fond du trou.

A l'aide d'un jet, frapper un petit coup sec (pas trop fort, il s'agit d'alu, métal tendre par excellence!!!) pour refaire la portée de bille.Bien entendu, on jettera l la bille ensuite.

On va ensuite équiper le piston de son joint.

humecter le joint torique.

Mise en place du joint. Il faudrait utiliser un cône de montage 2226-T que je n'ai pas.

Humecter le liquide hydraulique l'ensemble.

Humecter l'alésage de la chemise.

Présenter le piston.

Appuyer fermement avec le doigt pour le faire rentrer.

On peut aussi utiliser un maillet en plastique pour l'opération (je conseille...).

Vérifier ensuite que le piston coulisse gras dans la chemise en lui faisant faire un mvt de va-et-vient.

On passe ensuite au remontage du clapet. Pose de la bille Diamètre 6mm.

Pose des cales trouvées lors du démontage. Je les colle avec un peu de graisse.

 

 

Pose de la barrette de maintien de bille.

Pose de la vis.

Serrage de la vis tout en maintenant en place la barrette avec un fin tournevis plat pour éviter qu'elle ne tourne et les cales avec.

Ça donne ceci.

Mise en place de la coupelle. On aura prit soin de s'assurer que le piston a bien été suffisamment reculé.

Humecter l'alésage avec du liquide hydraulique.

Pose du ressort de compression. C'est lui qui régule la pression fournie par le conjoncteur.

Préparation du bouchon.

Humecter le joint.

Pose du joint sur le bouchon.

Pose des rondelles trouvées au démontage.

On peut aussi les mettre dans le bouchon. Mais dans ce cas, il faut les coller à la graisse ou au liquide hydraulique.

 

Pose du bouchon.

Ensuite graisser généreusement les filets de l'écrou de conjoncteur.

Idem pour les filets du corps du conjoncteur.

Mettre en place l'écrou et engager les premiers filets à la main (jusqu'à sentir une résistance).

Placer une vis M7x30 dans le bouchon.

Placer le conjoncteur ainsi équipé sous la presse. Visser l'écrou en comprimant au fur et à mesure le piston, jusqu'à arriver à fond de filet.
Veillez pendant tout ce temps à ce que le bouchon descende bien en place et ne s'arc-boute pas cela pourrait détruire le joint torique.

Placer le conjoncteur dans l'étau.

Effectuer un léger serrage de l'écrou. On serrera définitivement après avoir réalisé les contrôles et réglages.

Le conjoncteur est à ce stade presque remonté.

Essuyer le surplus de graisse.

Préparation de la vis de détente ou vis de purge.

Humecter le joint torique.

Pose du joint torique. Il faudrait utiliser un cône de montage 2225-T que je n'ai pas. Dans ce cas, on évite de passer le joint par la partie fileté de la vis. On s'assure aussi de l'absence de bavures coté 6 pans!!!

Pose de la bille.

Mise en place de la bille.

On humecte alors la vis.

Pose de la vis.

Serrage très léger.

Le conjoncteur est maintenant remonté. Il faut encore le tester et le régler.

Je profite de l'occasion pour vous présenter mon nouveau banc hydraulique 2290-T. Le premier étant parti sous d'autres cieux.

Préparation du banc.

Pose d'un bouchon de fabrication spéciale en lieu et place de l'accumulateur. Je me suis servi d'une vieille sphère d'accu dans laquelle j'ai découpé la partie fileté.

Raccordement du banc au conjoncteur.

Le tuyau de retour.

Je serre la vis de purge.

J'actionne la pompe. J'agis plusieurs fois sur la vis de purge pendant le pompage pour purger le conjoncteur de l'air qu'il contient.

La pression monte, c'est bon signe.

La pression maxi est atteinte avant disjonction à 135 bars. C'est trop peu. On devrait être entre 150/170 bars pour les conjoncteurs avec repère (DS) et 130/140 bars pour ceux sans (ID).

On fait chuter la pression et on désaccouple le conjoncteur du banc.

Après avoir desserré l'écrou à al clé à chaîne, on termine dans l'étau pour libérer l'écrou en comprimant le bouchon (introduction vis M7x30).

Changer l'épaisseur des rondelles en fonction de la pression à remonter. Dans notre cas nous devons récupérer 25 bars de pression pour arriver à la valeur médiane du réglage, c'est à dire 160 bars. Il nous faut donc deux rondelles d'1mm et une de 0,5mm d'épaisseur.

Une fois les rondelles trouvées, on nettoie à nouveau les filetages de l'écrou et du corps en prenant soin d'éliminer tout trace de bavure. Puis on graisse abondamment les filets.

La repose s'effectue comme vu plus haut.

Rebelotte, on reprend les tests.

 

On pompe pour atteindre la disjonction.

Ensuite on visualise la pression de conjonction en pompant tout en desserrant la vis de purge du conjoncteur. La pression doit remonter entre 125 et 140 bars.

Après essais et réglages, le conjoncteur est déclaré "bon pour le service".

Serrage final de l'écrou au couple de 160 à 200 Nm ou 16 à 17 kg.
Je ne dispose pas du matériel pour le faire, alors je serre au plus fort que je puisse et ça ira bien ainsi...

Banc hydraulique 2290-T LHS ou 3654-T LHM

Je vous donne ci-dessous toute la gamme de contrôle mise au point par CITROËN pour le contrôle des conjoncteurs. Le reportage photo étant un peu compliqué à faire seul...

Préparer le banc :

a - monter un bouchon L à la place de l'accumulateur.
b - Boucher l'orifice de la pompe à l'aide d'un bouchon "v".
c - Raccorder l'orifice d'entrée "d" du C/D à l'orifice "a" de la pompe du banc.
d - Raccorder l'orifice de sortie d'utilisation "e" du C/D au manomètre de pression M3.

Contrôle de la pression de disjonction :

a - Pomper pour monter en pression jusqu'à l'obtention de la disjonction (à ce moment le liquide "gicle" par l'orifice"f" de retour au réservoir et le levier de pompe se manoeuvre sans effort).
b - Lire la pression maxi au moment précis de la disjonction. Immédiatement après l'aiguille redescend.
L'aiguille du manomètre doit indiquer une pression maxi comprise entre:
- 150 et 170 bars (modèle avec rep).
- 130 et 140 bars (modèle sans rep).
Si le conjoncteur est défectueux, la pression ne se stabilise pas au manomètre M3. Le liquide coule par l'orifice "f", le levier reste dur à manoeuvrer.

 

Contrôle de la pression de conjonction :

Après avoir obtenu la disjonction, desserrer légèrement la vis de purge "g" du C/D pour faire descendre l'aiguille du manomètre M3 jusqu'à 140 bars pour les C/D avec repère ou 110 pour les C/D sans repère. Resserrer la vis de purge "g". Pomper. S'il y a écoulement, la conjonction n'a pas eu lieu. Ouvrir la vis de purge "g" et descendre la pression à une valeur inférieure et recommencer jusqu' à atteindre la conjonction pour la pression mini de référence (125 ou 100 bars).
Il se produit un écoulement continu par le retour "f".
Pour que la conjonction soit bonne il faut que :
a - Sur les modèles avec repère :
L'écoulement sur le retour s'arrête entre 140 et 125 bars.
b - Sur les modèles sans repère :
L'écoulement sur le retour s'arrête entre 110 et 100 bars.

Si malgré tous les essais, le réglage s'avérait impossible à obtenir dans la plage de pressions autorisées, il faudrait alors envisager de changer le ressort qui pourrait avoir perdu de sa raideur.
PS: je ne crois pas qu'il soit disponible en refabrication...

Si la pression de disjonction ou de conjonction est en dehors des limites mentionnées précédemment, il faut modifier en conséquence le nombre de rondelles de réglages.
Déterminer l'épaisseur des rondelles de réglage en sachant que 1mm d'épaisseur de rondelles fait varier la pression de 10 bars environ.
Mesurer l'épaisseur des rondelles existantes et ajouter ou retirer une ou plusieurs rondelles.

Contrôler à nouveau le conjoncteur-disjoncteur.

Contrôle de l'étanchéité :
Après disjonction, observer le manomètre M3: il ne doit indiquer aucune chute de pression; sinon le conjoncteur est défectueux. Il faut refaire la portée des billes.